Il nous serait difficile de parler de compresseurs sans évoquer le Urei 1176.
Histoire
Créé par Bill Putnam en 1967 pour sa société Universal Audio (succursale de Urei), l’idée était de reprendre le design des compresseurs à lampes de technologie variable-mu modèles 175 et 176 qu’il avait conçu auparavant, pour faire place à une technologie class-A solid-state par l’utilisation de transistors à effet de champ (FET en Anglais).
Bill Putnam, lui-même une star du monde des studios, baptisé « the father of modern recording » est à l’origine de beaucoup de designs, notamment de consoles, préamplis et compresseurs, utilisés dans de nombreux studios des années 50/60 et entendus sur d’illustres enregistrements (Frank Sinatra, The Beach Boys etc…).
Les premières versions (révisions A, A/B et B), baptisées « blues stripe » du fait de la bande bleue qui venait décorer le VU mètre sur la face grise métallique, sont aujourd’hui les plus rares et les plus recherchées. En effet, ce premier design, bien que novateur par ses réglages d’attaque, de release, de ratios et donc de sa grande flexibilité d’utilisation, comportait quelques « défaut » sonores : loin d’être transparent il rajoutait une vraie couleur ainsi que de la distorsion harmonique et générait pas mal de bruit de fond. Bien que très désirable aujourd’hui, à l’ère du numérique, ces défaults poussent Bill et les ingénieurs de UREI à développer une version moins bruyante et produisant moins de saturation.
Évolution
Arrive donc en 1970 la nouvelle version du 1176 : le 1176 LN (low-noise), surement la version la plus connue du 1176, dotée d’une devanture noire, et produisant moins de bruit et de saturation. C’est la version la plus fabriquée du 1176 dont la production s’achèvera en 1976 pour laisser place à une version couleur argent et très éloignée en termes de son des versions Blue Stripe et Black.
Le son du 1176 est souvent caractérisé d’« aggressif » et pour cause : en Angleterre dans les années 60, certains ingénieurs découvrent que lorsque l’on enclenche tous les boutons de ratio, la machine devient très musicalement agressive, et peut apporter beaucoup de mouvement à une source sonore (notamment les voix et les batterie).
Mais en réalité, le 1176, quand utilisé de façon modérée peut être très doux, et accompagner les dynamiques de façon assez magique.
Son réglage d’attaque, bien que très rapide sur papier (20 à 800 microsecondes), lui permet quand même de laisser passer les transients si on le souhaite, et même de pouvoir rajouter du « smack » à une source très percussive, grâce au design variable du 1176. Le release couvre une plage très large, permettant de s’adapter à tout type de tempo et de donner l’énergie ou le sustain nécessaire. Les 4 ratios permettent de compresser à souhait ou vraiment d’apporter une explosion de saveur en utilisant, comme nos ingénieurs anglais des 60’s, le « british mode » ou « all buttons in ».
Sans même compresser, en plus d’une très belle saturation harmonique, ils rajoutent une présence dans le medium, un peu de boost dans les aigues et une sensation plus « tight » et contrôlée dans les fréquences basses. Il nous arrive de nous en servir en éteignant la compression, simplement pour rajouter ces caractéristiques là à l’instrument qui en aurait besoin.
Retrouvez l’UREI 1176 LN au Studio des Murmures
Aux Studios des Murmures, nous avons la chance d’être dotés de deux Urei 1176LN noirs de 1972 aux numéros de série consécutifs, parfaitement maintenus et calibrés : ils peuvent ainsi être utilisés en stéréo. Consulter l’ensemble des équipements du studio.
Que ce soit pour contrôler la dynamique d’une voix, ajouter de l’explosion aux batteries, ou même s’en servir en parallèle pendant un mix – ces compresseurs historiques nous aide à toujours garder du mouvement et de l’excitation dans toutes nos productions.
